Roger cardinal Etchegaray

Ouverture du Colloque

Ouverture du Colloque
Photo: Lorenzo Rumori

Frères et Sœurs de la famille humaine, malgré mes apparences physiques, rassurez-vous, je suis un homme “erectus”, bien plus je l’espère un « homo » … deux fois « sapiens » !. Mon petit mot ne veut pas seulement ouvrir le ban, encore moins un « big bang » à ce Colloque, mais en souligner la valeur symbolique, autant que scientifique. Ce lieu quasi « sacré » qui nous accueille, cette Académie Pontificale des Sciences avec son président et son chancelier, illustre combien la recherche de la naissance de l’homme peut conduire jusqu’à la reconnaissance de sa maîtrise de l’Univers.

Vous me permettrez de saluer spécialement Henri et Marie-Antoinette de Lumeley. Mon salut avec l’accent marseillais, s’adresse, à travers l’homme de Tautavel à tous ceux que vous avez réussi à réunir ici avec la simplicité d’un accueil dont j’ai souvent bénéficié chez vous près du Vieux Port. C’est grâce à vous, cher ami, que j’ai arpenté la Vallée des Merveilles au Mercantour et surtout vous m’avez poussé depuis Rome jusqu’à la Rift Valley en Afrique de l’Est avec le fol espoir d’y rencontrer la petite Lucy.

Depuis plus d’un demi-siècle les paléoanthropologues ont multiplié les images pour situer le moment de l’émergence humaine dans un courant évolutif de plusieurs millions d’années. On parle de « seuil d’hominisation », de « Rubicon cérébral », de « pas de la conscience ». Le biologiste Jacques Monod a même évoqué deux « murs du son », deux passages tellement difficiles que le hasard ne peut pas les expliquer : le passage de la matière à la vie et celui de l’animal à l’homme. Le Buisson dans lequel nous, trouvons nos origines les plus lointaines ne cesse de buissonner.

Quels que soient les critères retenus pour le repérage du premier homme, la question de l’instant précis de son apparition demeure toujours sans réponse. « L’homme est entré sans bruit » dans le monde, selon le mot de Teilhard qui ajoute : « il a marché si doucement que nous commençons à peine à l’apercevoir couvrant maintenant

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Frères et Sœurs de la famille humaine, malgré mes apparences physiques, rassurez-vous, je suis un homme “erectus”, bien plus je l’espère un « homo » … deux fois « sapiens » !. Mon petit mot ne veut pas seulement ouvrir le ban, encore moins un « big bang » à ce Colloque, mais en souligner la valeur symbolique, autant que scientifique. Ce lieu quasi « sacré » qui nous accueille, cette Académie Pontificale des Sciences avec son président et son chancelier, illustre combien la recherche de la naissance de l’homme peut conduire jusqu’à la reconnaissance de sa maîtrise de l’Univers.

Vous me permettrez de saluer spécialement Henri et Marie-Antoinette de Lumeley. Mon salut avec l’accent marseillais, s’adresse, à travers l’homme de Tautavel à tous ceux que vous avez réussi à réunir ici avec la simplicité d’un accueil dont j’ai souvent bénéficié chez vous près du Vieux Port. C’est grâce à vous, cher ami, que j’ai arpenté la Vallée des Merveilles au Mercantour et surtout vous m’avez poussé depuis Rome jusqu’à la Rift Valley en Afrique de l’Est avec le fol espoir d’y rencontrer la petite Lucy.

Depuis plus d’un demi-siècle les paléoanthropologues ont multiplié les images pour situer le moment de l’émergence humaine dans un courant évolutif de plusieurs millions d’années. On parle de « seuil d’hominisation », de « Rubicon cérébral », de « pas de la conscience ». Le biologiste Jacques Monod a même évoqué deux « murs du son », deux passages tellement difficiles que le hasard ne peut pas les expliquer : le passage de la matière à la vie et celui de l’animal à l’homme. Le Buisson dans lequel nous, trouvons nos origines les plus lointaines ne cesse de buissonner.

Quels que soient les critères retenus pour le repérage du premier homme, la question de l’instant précis de son apparition demeure toujours sans réponse. « L’homme est entré sans bruit » dans le monde, selon le mot de Teilhard qui ajoute : « il a marché si doucement que nous commençons à peine à l’apercevoir couvrant maintenant le monde entier ». Ni par miracle, ni par accident, l’homme est venu à son heure et à sa place au grand rendez-vous de la Terre.

Chercheurs et Amis d’une paléontologie devenue pluridisciplinaire, je comprends votre passion et j’admire le renoncement qui s’allie à votre audace. Car, tout en jonglant avec un tibia ou une mandibule dans l’infini du temps, vous êtes toujours prêts à remettre en cause chaque jour vos hypothèses au hasard de nouvelles découvertes qui ne cessent de surgir. Vous êtes les humbles serviteurs de ce qui est la plus belle des sciences mais aussi la plus précaire. Vous recherchez le premier homme et vous découvrez l’homme premier. L’Evangile ne fait pas autrement en déclarant que le Christ Sauveur est le premier Adam.

Que l’Arbre de Vie soit votre plus sûr abri par temps de déluge et son Arc-en-ciel votre aurore primitive pour défendre tous les hommes, nos frères sur terre !

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